La saison de pêche en 1ère catégorie s’est achevée. Beaucoup de pêcheurs ont ressenti une année décevante, avec des prises en baisse et un sentiment général de « saison médiocre ». Beaucoup de petites éclusées avec une eau chargée. Ce constat est partagé et sera débattu au sein de l’AAPPMA.
L’automne, une période cruciale pour les truites
Avec la fermeture, va bientôt débuter la période de reproduction des salmonidés. Les petits cours d’eau retrouvent leur débit habituel, ce qui rend les interventions humaines possibles sans fragiliser le milieu.
👷♂️ Les bénévoles de l’AAPPMA se mobiliseront donc d’ici fin octobre pour plusieurs demi-journées de chantier sur la Sioule et ses affluents. Trois matinées sont déjà programmées : les 3, 18 et 25 octobre.
L’objectif est simple : après les orages et vents violents de cet été, il faut maintenant faciliter l’accès des truites aux zones de frai en dégageant les obstacles, en assurant la continuité des écoulements et en veillant à maintenir des habitats favorables. Ces actions discrètes mais essentielles participent directement au renouvellement naturel des populations.
Retour sur une saison compliquée !
Si la pêche a été décevante, de nombreuses questions restent ouvertes sur l’état des populations et des milieux aquatiques.
Qualité de l’eau 🔬
Dès le début de saison, un biofilm et des algues se sont développés rapidement sur de nombreux cours d’eau du bassin de la Sioule. La douceur hivernale et printanière y est sans doute pour beaucoup, mais ces observations interrogent sur la qualité de l’eau et certains pointent du doigt des pollutions d’origine agricole (élevage). L’AAPPMA a donc mené chaque mois, de mai à septembre, des analyses sur les teneurs en nitrates : toutes se sont révélées inférieures à 5 mg/l (seuil de détection de l’appareil utilisé). Vis-à-vis de ce paramètre rien d’alarmant, mais les observations sont pourtant là avec une fin de saison à l’image du début d’année. Les données des réseaux nationaux seront disponibles début 2026 et permettront peut-être de compléter ce diagnostic.
👉 Concernant les nitrates, la révision des zones vulnérables est actuellement en cours. Données brutes et cartographie interactive sont accessibles en ligne pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet : plus d’infos ici. Pour l’aval du bassin versant de la Sioule, des milieux qui ne s’améliorent pas, c’est pourtant une réduction des zones vulnérables qui est visée !
Débits et barrages 💧
Le régime hydrologique de la Sioule est artificialisé par deux barrages hydroélectriques dont l’exploitation se ressent sur la qualité des fonds et la turbidité de l’eau.
Comme chaque année, l’AAPPMA exploite les données d’HydroPortail pour modéliser les débits « naturels » (sans barrage) de la Sioule à Châteauneuf-les-Bains et les compare avec les débits réels.
Vous pouvez consulter le Graphique des débits instantanés 2025
- Deux crues biennales absorbées par les barrages : débits réels autour de 40m³/s au lieu de 80m³/s.
- Des débits hivernaux qui chutent à 5,5 m³/s alors qu’ils auraient dû rester au-dessus de 8 m³/s.
- En lien direct avec la pluviométrie, une hydrologie très faible en comparaison aux années précédentes.
- Un important soutien d’étiage : 39 jours où le débit réel a été supérieur à 3 m³/s alors qu’il serait descendu à 1,3 m³/s naturellement. (Pour mémoire, au cours de l’été 2019, EDF a soutenu l’étiage de la Sioule pendant 89 jours).
Les effets de la présence des barrages sont contrastés, avec des impacts à la fois négatifs et positifs sur le milieu et sur l’activité piscicole !
Graphiques des années antérieures : 2014 / 2015 / 2016 / 2017 / 2018 / 2019 / 2020 / 2021 / 2022 / 2023 / 2024
Comparaison 2025 – Années antérieures : 2014 / 2015 / 2016 / 2017 / 2018 / 2019 / 2020 / 2021 / 2022 / 2023 / 2024
Température de l’eau 🌡️
Le réseau de suivi thermique de la Fédération de Pêche 63 intègre 5 enregistreurs sur la Sioule en aval du barrage de Queuille. L’enregistreur installé en aval du pont de Menat montre, entre 2023 et 2025, un pic de température autour de 24°C début août. Sans surprise, ce pic a été atteint au 1er juillet en 2025, avec sans doute un second pic au mois août (un relevé partiel des données a été réalisé le 13 août, il faut attendre un peu pour avoir la chronique complète).
Les affluents de la Sioule sur notre territoire sont naturellement sensibles aux assecs. La majorité a séché, mais sans mortalité piscicole constatée. Les ruisseaux de Cubes et Braynant, ont quant à eux conservé un débit sur leur partie aval. Les températures maximales ont été atteinte à la fin du mois de juin avec une thermie autour de 16°C la nuit et 21°C en journée pendant une quinzaine de jours.
L’analyse et l’interprétation de ces résultats par la Fédération de Pêche permettront de mieux appréhender les effets de cette thermie sur les populations piscicoles, sur le développement des herbiers, etc.
Inventaires piscicoles 🎣
Cinq pêches électriques d’inventaire ont été réalisées sur nos parcours :
- Trois par la Fédération de pêche du Puy-de-Dôme : ruisseau de Cubes et ruisseau de la Rouelle.
- Une par Eurofins pour l’OFB : Sioule en aval de Châteauneuf-les-Bains.
- Une par la Fédération de pêche de l’Allier : station Chouvigny/Saint-Gal-sur-Sioule (limite départementale).
Des belles surprises sur les affluents avec des observations très encourageantes. Notamment la capture de truites adultes sur l’amont du ruisseau de Cubes, station située en amont d’infranchissables naturels sur un tronçon qui sèche plusieurs semaines chaque année. Sur la Sioule, les observations au cours des pêches d’inventaire ne reflètent pas le ressentis pêcheur et semblent rassurantes en termes de densité d’individus, de diversité d’espèces et de répartition dans chaque classe d’âge notamment pour la truite.
Nous attendons maintenant les résultats complets et leur analyse pour avoir une meilleure idée de l’état des populations.
Un constat partagé ! 👥
2025 aura marqué les esprits et amène de nombreuses questions. Une pêche de plus en plus difficile et beaucoup de pêcheurs qui prennent peu de poissons.
Pourtant, les indicateurs semblent montrer des populations piscicoles qui se maintiennent dans un état très satisfaisant.
La pêche n’est pas qu’une activité de loisir, c’est aussi une porte d’entrée vers la compréhension du milieu. Les constats faits par les pêcheurs sont précieux et alimentent notre réflexion. Il est important de prendre du plaisir au bord de l’eau et pour agir efficacement, nous devons aussi nous appuyer sur des données objectives et sur un travail collectif. (Nous travaillons à faire évoluer le site web pour faciliter l’accès aux données issues des différentes études et suivis.)
👉 C’est pourquoi nous préférerons toujours les échanges sur le terrain, autour d’une table ou au bord de l’eau, plutôt que les polémiques et grandes tirades sur les réseaux.
La saison 2025 se termine, la rivière continue de vivre — et avec elle, notre engagement.